Dans un hommage bouleversant, Étienne Daho raconte les dernières heures de Françoise Hardy
Pour son ultime hommage, Étienne Daho a choisi un cliché de Françoise Hardy pris par son ancien amour, Jean-Marie Périer. Elle apparaît jeune, vêtue d’un haut jaune, les yeux maquillés de bleu, le regard azur perdu dans le vide. La photographie s’accompagne d’un texte déchirant rédigé par son ami de longue date.
L’interprète de Tirer la nuit sur les étoiles (2023) était présent, hier soir, dans la «chambre» de la vedette des années 1960. «La télé muette diffusait des images rétrospectives de ton incroyable parcours alors que tu étais allongée dans la chambre. Situation surréaliste. Toi qui aimais tant rire, cela t’aurait amusée. Avec toi, les situations les plus graves se terminaient souvent par des fous rires», s’est remémoré l’artiste de 68 ans. Étienne Daho, qui a soutenu la chanteuse dans son combat contre un deuxième cancer déclaré en 2019, se dit soulagé. «Notre chagrin s’est substitué au soulagement qu’avec l’abandon de ton enveloppe terrestre, tu abandonnais aussi les douleurs physiques de ces dernières années», a-t-il admis.
Dans la suite du message, l’artiste a multiplié les remerciements : «Merci chère Françoise d’avoir été un astre et un phare dans la nuit (...). Merci d’avoir été une amie fidèle qui m’a accueilli comme un membre de ta famille avec Jacques et Thomas, alors que j’étais débutant et pour ce lien durable.» Le post, publié à 13 heures ce mercredi 12 juin, a récolté plus de 13 000 «J’aime» en moins de deux heures.
«Tombé amoureux»
Leur amitié ne date pas d’hier en effet. Leurs routes se sont croisées, pour la première fois, dans les années 1980. «Notre rencontre s’est jouée dans une radio. Elle faisait une émission et moi aussi. En passant devant un studio, j'ai vu qu'elle était là. Et je l'ai attendue pour lui dire bonjour», racontait Étienne Daho sur Europe 1 en 2021, à l’occasion de ses 40 ans de sa carrière. En 1984, l’auteur-compositeur-interprète connaît un succès fulgurant grâce à son deuxième album La notte, la notte. Un disque sur lequel figure son premier solo avec Françoise Hardy, intitulé Et si je m’en vais avant toi.
Avant de la voir, il l’a entendue. Sa passion pour la voix de l’égérie de la mode naît quelques années avant leur collaboration. «Quand j'ai entendu la voix de Françoise Hardy, je suis tout de suite tombé amoureux. C'était sur Europe 1, d'ailleurs, racontait-il encore. Je me souviens exactement de l'endroit où j’étais quand j'ai entendu sa voix. C'était en Algérie, c'était dans la maison de mes grands-parents, une maison au bord de la mer dans un petit village qui s'appelle le cap Falcon, où il y a quatre baraques et la plage. Et j'écoutais sa voix. C'était une chanson qui s'appelle Pourtant tu m'aimes, qui n'est pas du tout connue. Et tout de suite, j'ai été complètement captivé par sa voix.»
La trouvant «sublime», «subjugué par sa musique», le futur chanteur guette ses apparitions télé lors de son retour en France. La diffusion de son premier disque, Mythomane (1981), lui donne la chance de la rencontrer. «Je lui ai serré la main. J’ai dû la broyer tellement j’étais nerveux ! Mais, visiblement, elle ne m’en a pas voulu», détaillait-il en 2021. Timide et réservé, le jeune chanteur rechigne à demander à Françoise Hardy de travailler avec elle. Son confrère et copain Jacno, proche des deux artistes, s’en charge à sa place. «Ensuite, j’ai enregistré la chanson Si je m’en vais avant toi et je l’ai envoyée à Françoise Hardy», poursuivait-il. La chanteuse lui donne son assentiment dans un message qu’elle laisse sur le répondeur du débutant. «À l’époque, c'étaient des répondeurs à cassettes, rappelait-il. Je l'ai réécoutée un million de fois. J'étais tellement fier et heureux ! C'était un adoubement.»
«Une vraie famille»
Au fil des ans, l’auteur de Week-end à Rome (1984) a maintenu le contact avec Françoise Hardy. En janvier dernier, il avait confié dans «En aparté», sur Canal +, son désarroi et son impuissance face aux tourments de son idole et amie : «C'est très dur de ne rien pouvoir faire pour soulager ses souffrances… C'est très difficile… Elle ne mérite pas une fin de vie comme ça. Vraiment, personne ne mérite une fin comme ça. Elle est dans une souffrance qui me peine énormément.»
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Étienne Daho ne tarit pas d’éloges envers cette génération de musiciens qui à ses yeux représentait une forme de «perfection». Les Dutronc-Hardy deviennent «une vraie famille pour moi». Il se souvient même d’un Noël passé avec eux et leur fils, petit. Mardi soir, c’est justement Thomas qui a annoncé la mort de sa mère. Sous une photo de lui, bébé, dans les bras de la chanteuse, ces trois petits mots ont eu l’effet d’un coup de tonnerre : «Maman est partie.»
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